Première parasismique : avec le soutien de l’Ecole d’ingénieurs de Fribourg et son imposant banc d’essai simulant un séisme, un bureau montheysan a testé la résistance de panneaux de construction en bois. Résultats détonnants.
Plutôt roseau que chêne !
Soumises aux pires contraintes, nos constructions de bois basiques plient, mais ne rompent pas. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour leurs occupants. Telles sont les conclusions d’une large étude expérimentale que vient de terminer le bureau montheysan Kurmann & Cretton S.A.
Ces spécialistes des études parasismiques se sont associés à l’Ecole d’ingénieurs de Fribourg pour mener à bien cette expérience et combler ainsi une lacune. Car si les vertus de ce matériau utilisé depuis des millénaires dans la construction sont connues, le comportement d’éléments de structures en bois – telles que les parois stabilisatrices – n’est, lui, pas encore totalement maîtrisé sous charge sismique.
« Jusqu’ici, la norme SIA ne fournissait que peu d’informations ou de règles de dimensionnement pour la réalisation d’une construction parasismique en bois », a constaté Roberto Peruzzi. D’où la volonté de cet ingénieur montheysan et de ses collègues d’apporter des réponses aux professionnels de la filière bois. « Notre bureau et l’entreprise de charpente Amédée Berrut SA à Collombey ont mis les moyens humains et financiers pour approfondir ces connaissances. »
Histoire de mettre un maximum d’atouts dans leurs recherches, les deux partenaires chablaisiens se sont donc associés à l’Ecole d’ingénieurs de Fribourg. Pour deux bonnes raisons : tout d’abord la compétence du groupe « matériaux et innovations » dirigé par les professeurs René Suter et Andrea Bernasconi ; ensuite, la qualité des infrastructures de l’établissement fribourgeois. « L’école possède ainsi une machine imposante qui permet de simuler des séismes à l’aide de vérins qui présentent une capacité de pression horizontale de l’ordre de 50 tonnes. » Amplement suffisant pour soumettre ces panneaux de bois aux pires contraintes et mesurer leur capacité de résistance.
Pour mener à bien cette campagne expérimentale et ces essais « statiques-cycliques », l’entreprise Berrut a construit et fourni cinq parois en ossature bois de 5 mètres de longueur sur 2,5 mètres dont une « représentait deux étages d’un bâtiment, séparés par la poutraison d’un plancher ». Du matériel similaire à celui utilisé dans la construction courante et qui a donc été tordu dans tous les sens pour mesurer son comportement en cas de séisme. Résultat de ces tests effectués en grandeur nature : « Le bois a plié mais n’a pas rompu. Nous avons maintenant l’assurance que ce matériau offre de belles perspectives de résistance en cas de séisme, même pour des bâtiments de trois à quatre étages. »
Un enseignement qui vaut son pesant en francs sur un marché prometteur. Collaborateur au bureau Kurmann & Cretton, Alexandre Schmid estime en effet que 40% des villas et autres maisons individuelles construites dans notre canton sont en bois. « Et sur cette part, plus de 70% de ces bâtisses utilisent le système de construction en panneaux OSB que nous avons testé. Au détriment de la réalisation en madriers ou en rondins, plus chère… »
Le Valais exposé
Le Valais est la région de Suisse la plus exposée au danser sismique. Selon la norme SIA 261, notre canton serait exposé à un séisme majeur – de magnitude 6 à 6,5 sur l’échelle de Richter- avec une période de retour de 475 ans. Depuis le XVIe siècle, le Valais a d’ailleurs connu pratiquement tous les 100 ans une telle catastrophe. Avec par exemple un séisme de magnitude de 6,1 à Sierre en 1946 et de 6,4 à Viège en 1855.
En l’absence de loi sismique fédérale, l’Etat du Valais a pris les devants il y a cinq ans en se dotant d’une loi cantonale sur les constructions et son ordonnance. Toute nouvelle construction doit ainsi être réalisée selon les normes SIA. Concrètement, la protection parasismique implique la mise en place de refends dans chaque direction. Pour sécuriser une villa de 1000 m2, le surcoût a été estimé à 5000 francs. Pour les immeubles de deux étages sur rez et plus, ces refends parasismiques doivent être continus sur toute la hauteur du bâtiment. Pour un immeuble de 5000 m3, il faut compter avec un surcoût d’environ 30 000 francs. Lors d’une transformation, une vérification du bâti existant est exigée.
(article du quotidien Le Nouvelliste du 10 août 2009)